Liens vers les pages web anciennes du KKE

Les sites internationaux du KKE sont déplacés progressivement à un nouveau format de page. Vous pouvez trouver les versions anciennes des pages déjà mises à jour (avec tout leur contenu), en suivant ces liens.

Sur l'aristocratie ouvrière, la différenciation et la stratification de la classe ouvrière

Dans la thèse 23 des Thèses du CC du KKE il est fait mention de la diminution de la couche de l'aristocratie ouvrière et de la différenciation croissante au sein de la classe ouvrière. Quelle est la base matérielle pour cela?

Les humains ont toujours utilisé leur force de travail, c'est-à-dire toutes leurs capacités physiques et intellectuelles pour la production de produits qui leur sont utiles. Dans le capitalisme, parallèlement à la transformation généralisée des produits en marchandises, on a la transformation généralisée de la force de travail humaine en une marchandise. La transformation de la force de travail en une marchandise, en combinaison avec la concentration des moyens de production aux mains d'une partie de la société, constitue le critère principal de la division de la société capitaliste en classes: d'une part, il y a la classe bourgeoise composée des propriétaires des moyens de production sociaux, et de l'autre part il y a la classe ouvrière composée de tous ceux qui ne possèdent aucun moyen de production et sont obligés de vendre leur force de travail aux capitalistes.

Cependant, ce critère n'est pas suffisant pour la définition des deux classes fondamentales de la société. On doit prendre en compte d'autres critères aussi. Pour cette raison, Lénine a donné la définition suivante des classes: «Les classes sont de vastes groupes d'hommes qui se distinguent par la place qu'ils occupent dans un système historiquement défini de production sociale, par leur rapport (la plupart du temps fixé et consacré par les lois) vis-à-vis des moyens de production, par leur rôle dans l'organisation sociale du travail, donc, par les modes d'obtention et l'importance de la part de richesses sociales dont ils disposent. Les classes sont des groupes d'hommes dont l'un peut s'approprier le travail de l'autre, à cause de la place différente qu'il occupe dans une structure déterminée, l'économie sociale. »

La classe ouvrière, qui est définie sur la base de tous ces critères, n'est pas un groupe homogène, mais elle est caractérisée par des différences importantes de nature et de conditions de travail, de salaires, de niveau de spécialisation, de stabilité d'emploi, etc. Cette différenciation interne de la marchandise de force de travail est très grande entre les différents États capitalistes, les différents secteurs et entreprises.

Cette différenciation est augmentée encore plus au cours de la phase monopoliste du capitalisme. Une couche de travailleurs a émergé sur cette base matérielle, qui a pu obtenir des conditions de vie et de travail bien meilleures que celles de la grande masse de travailleurs. Bien sûr, cela ne signifie pas que toute section de travailleurs qui obtient, par exemple, des salaires plus élevés, appartient à l'aristocratie ouvrière. Pour définir l'aristocratie ouvrière, il faut tenir compte, de manière combinée, de tous les critères pour les classes établis par Lénine, et ne pas isoler un ou deux critères. Par exemple, outre le niveau de revenus, il y a d’autres facteurs très importants, comme le caractère de supervision ou non du travail, ou le mode d'acquisition d'une partie importante de revenu (p.ex., des pots-de-vin de diverses sortes, payer pour des séminaires organisés par GSEE, l'achat direct et multiforme d'une partie de travailleurs). Cette couche privilégiée de travailleurs apparaît à la fois dans le secteur privé et dans le secteur public.

Toutefois, il convient de préciser qu'il ne s'agit pas d'une couche strictement et absolument délimitée. L'élément le plus important dans l'émergence de l'aristocratie ouvrière, ce n'est pas sa délimitation stricte, mais le fait que des conditions matérielles pour un compromis avec le capitalisme apparaissent objectivement dans une section de travailleurs, et cette tendance s'exprime également dans les rangs du mouvement ouvrier.

La taille de la couche de l'aristocratie ouvrière n'est pas stable pendant les différentes périodes et dans les différents pays, car elle dépend de facteurs tels que le niveau du développement des relations capitalistes, la position du pays dans le système impérialiste mondial, la phase du cycle économique etc. Ainsi, alors qu’initialement Marx et Engels mettaient particulièrement l'accent sur l'aristocratie ouvrière en Grande-Bretagne comme le résultat de son monopole industriel sur le marché mondial, la formation du système impérialiste mondial au XXe siècle a élargi la base matérielle de l'aristocratie ouvrière dans la majorité des États capitalistes (indépendamment de leur position dans la pyramide impérialiste), ainsi qu’à l'intérieur de chaque État.

 Publié le 9/2/2017