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Intervention du KKE à la réunion de l'ACE, Madrid 11/05/2024

“Leçons historiques de la tactique des fronts antifascistes. La lutte moderne des communistes contre le fascisme

          Camarades,

          Au cours des derniers mois, les médias européens bourgeois ont fait beaucoup de tapage autour des performances des forces nationalistes et même fascistes qui monteraient en flèche lors des prochaines élections. Ainsi, plusieurs partis bourgeois sociaux-démocrates dans les pays de l'UE, comme en Allemagne et dans d'autres pays, appellent le peuple à soutenir des politiques "pro-européennes et progressistes" lors des prochaines élections européennes, afin de prétendument "freiner" la montée de l'extrême droite et du fascisme!

          C’est une grande hypocrisie de la part de ces partis, puisque, avec leur soutien, ces dernières années, dans un certain nombre de pays européens, tels que les pays baltes, la Pologne, la Hongrie, la Bulgarie, l'Ukraine, des monuments antifascistes sont démolis et des monuments à la "Waffen SS" nazie sont érigés, les partis et les symboles communistes sont interdits, tandis que l'histoire est réécrite à la convenance des capitalistes, les principaux "sponsors" du fascisme tout au long de l’histoire à travers le monde.

          En outre, depuis des années, tant le Conseil de l'Europe que l'UE, le Parlement européen, "crachent" de l'anticommunisme dans une série de décisions, cherchant à identifier le communisme au fascisme. Un fait qui, en réalité, disculpe le fascisme. L'UE a même essayé d'effacer du point de vue sémantique  la Journée de la victoire antifasciste, le 9 mai, en l'appelant "Journée de l'Europe".

          Enfin, alors que la guerre impérialiste sévit en Ukraine, certaines forces invoquent la "lutte antifasciste" et la politique des "fronts antifascistes" du 7e Congrès du Komintern pour cacher aux peuples les véritables causes de la guerre. Et ce, alors que le Bataillon Azov, présenté par les dirigeants de l'UE plus ou moins comme le défenseur de la liberté et de la démocratie, se bat pour l'Ukraine, et les groupes néo-nazis "Rusich", "Légion impériale russe" etc., présentés comme les défenseurs des valeurs du "monde russe" se battent pour la Russie.

          Compte tenu de tout ce qui précède, la question dont nous discutons aujourd'hui est particulièrement d'actualité. Aujourd'hui, lors de cet événement de l'Action Communiste Européenne, c'est l'occasion de noter certaines conclusions que nous considérons utiles, auxquelles le KKE est arrivé en étudiant l'histoire, mais aussi de présenter certains aspects des expériences et des évaluations contemporaines sur la lutte contre le fascisme:

 

          1. L'anniversaire du 9 mai, que nous commémorons ces jours-ci, 79 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, n'est pas la "Journée de l'Union européenne", comme les représentants de l'UE réactionnaire essayent de l'établir ces dernières années, contrairement à la vérité historique. C'est le jour de la grande victoire antifasciste des peuples, de l’épopée inoubliable de l'Armée rouge soviétique et du peuple soviétique, ainsi que des mouvements de résistance en Europe, avec le rôle de premier plan et décisif des partis communistes.

 

          2. Nous, les communistes, nous rendons hommage à tous ceux qui se sont battus l'arme à la main, à tous ceux qui se sont sacrifiés, torturés, emprisonnés, exilés, à tous ceux qui ont résiste de quelque manière que ce soit à l'"Axe" impérialiste nazi-fasciste de l'Allemagne, de l'Italie, du Japon et de leurs alliés. Le KKE est fier d'avoir été l'inspiration, le guide et le cœur de la lutte héroïque de l'EAM, de l'ELAS, de l'EPON et des autres organisations de l'EAM, ainsi que des milliers de ses membres qui, par leur action héroïque et leur sacrifice, ont écrit certaines des pages les plus glorieuses de son histoire et ont contribué à la victoire.

          3. Le fait que l'Union soviétique et les mouvements de partisans ont combattu le fascisme ne change rien au fait que la Seconde Guerre mondiale, comme la Première Guerre mondiale, était une guerre impérialiste. Elle a été le point culminant des rivalités impérialistes pour la répartition des marchés et des sphères d'influence, aiguisées dans des conditions de crise capitaliste. Lorsque les antagonismes des monopoles, qui s'affrontent pour leur rentabilité, ne peuvent être résolus par des compromis fragiles dans le cadre d'une "paix" impérialiste, ils cherchent à les résoudre par la guerre.

          La Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale, les guerres qui ont éclaté dans les décennies qui ont suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu'à aujourd'hui en Ukraine et au Moyen-Orient partagent la même "matrice": Ce sont les rapports de production capitalistes, le système capitaliste dans son stade impérialiste. Dans ce cadre, les classes bourgeoises utilisent également des forces nationalistes et même fascistes dans leurs plans de guerre, comme on peut le voir avec les nostalgiques de Bandera et les bataillons Azov en Ukraine, ou avec l'"École politique supérieure" du philosophe fasciste Ivan Ilyin, récemment établie dans une grande université publique de la capitale russe. 

 

          4. La Seconde Guerre n'a été juste que du côté de l'URSS, qui luttait pour la défense du pouvoir ouvrier et socialiste, et du côté des mouvements de résistance qui luttaient contre l'occupation fasciste, pour la survie et la prospérité de leur peuple.

          Pour la Grande-Bretagne et les États-Unis, puissances ayant une part de responsabilité dans la naissance et la prévalence du fascisme en Allemagne, la guerre était injuste, impérialiste, parce qu'elle visait à conserver et à renforcer le rôle que ces pays s’étaient assuré dans le système impérialiste grâce à leur victoire lors de la Première Guerre mondiale. D'autre part, pour l'Axe fasciste, la guerre était impérialiste et injuste parce qu'elle visait à renverser le rapport de forces qui avait été établi après la Première Guerre mondiale. Les deux alliances impérialistes rivales s'affrontaient toutes les deux pour sauvegarder leurs profits et leurs intérêts géopolitiques. Toutes deux sont coupables de crimes majeurs contre l'humanité. À titre d'exemple, l'Axe fasciste a ouvert la voie aux exécutions de masse et aux purges, mais les États-Unis et la Grande-Bretagne ont également bombardé Dresde et utilisé des armes nucléaires à Hiroshima et Nagasaki, sans nécessité militaire, mais pour mettre en garde l'URSS, en cherchant à imposer leur propre plan politique sur les développements de l'après-guerre.

 

          Dans les rangs du mouvement communiste international, on doit assimiler la conclusion que pour toutes les puissances bourgeoises qui ont participé à la Seconde Guerre mondiale, cette guerre était injuste! Cela est particulièrement important aujourd'hui, alors que diverses puissances bourgeoises se parent du manteau de l'"antifascisme" et cherchent à dissimuler leurs véritables objectifs prédateurs dans la guerre impérialiste. Dans une guerre où l'axe impérialiste euro-atlantique (USA, OTAN, UE), utilisant comme "fer de lance" la bourgeoisie ukrainienne (qui a procédé à la justification historique des collaborateurs ukrainiens des nazis), se heurte à l'axe impérialiste euro-asiatique en cours de formation de la Chine, de la Russie et de leurs alliés.

          5. Le fascisme est l'une des formes politiques du pouvoir capitaliste. Au lendemain de la Première Guerre mondiale et sous l'influence de la révolution socialiste d'octobre victorieuse, les bourgeoisies allemande et italienne ont été confrontées à un mouvement populaire communiste et ouvrier croissant qui a remis en cause leur pouvoir avec la révolution de 1918-1919 en Allemagne et les occupations massives des usines dans le Nord de l'Italie lors du dit "Biennium rouge" (1918-1920). Dans le même temps, la bourgeoisie allemande, qui comptait parmi les grands perdants de la guerre précédente, et la bourgeoisie italienne, consciente que, bien que victorieuse, elle avait été défavorisée par le partage du butin impérialiste d'après-guerre, ont cherché à remettre en cause de manière dynamique le rapport de forces. Dans ces circonstances, le fascisme-nazisme a été choisi comme la forme la plus appropriée de leur pouvoir politique pour réprimer l'ennemi de classe à l'intérieur et pour mener la guerre avec d'autres États capitalistes à l'étranger.

          Le principal élément qui différencie la forme fasciste du pouvoir capitaliste des autres formes de ce dernier, c’est l’alignement actif et massif des forces populaires sur les projets réactionnaires du pouvoir capitaliste. Cela n'a pas été nécessaire pour les vainqueurs de la guerre précédente, puisqu'ils ont pu obtenir le consentement des forces ouvrières au pouvoir capitaliste en construisant des alliances avec les couches moyennes et en achetant l'aristocratie ouvrière, grâce aux superprofits impérialistes.

          A part cela, il n'y a pas d'autre différenciation. La particularité du fascisme et du nazisme ne peut être attribuée uniquement à la suppression des procédures parlementaires, une caractéristique que l'on retrouve dans tous les régimes dictatoriaux bourgeois. D'autant plus que le fascisme et le nazisme sont tous deux émergés des parlements bourgeois. L'essence particulière du fascisme-nazisme ne réside pas non plus dans la répression sans précédent du mouvement populaire et communiste, qui est commune non seulement aux dictatures bourgeoises, mais aussi aux régimes parlementaires.

          Il convient de rappeler qu'au cours de ses 105 ans d'histoire, le KKE a été confronté à de terribles persécutions de la part de régimes bourgeois, parfois dictatoriaux et parfois sous la forme d'une démocratie parlementaire. À titre d'exemple, le régime dictatorial de Metaxas en Grèce en 1939 a créé la dite "Administration provisoire" du KKE par des mouchards cherchant à frapper le KKE, tandis qu'aujourd'hui, le social-démocrate N. Maduro, qui parle au nom du "socialisme du 21e siècle", combat le PC du Venezuela et a construit un faux PC qui est reconnu officiellement par l'État bourgeois.

          L'exploitation d’autres peuples ne peut pas non plus être qualifiée de particularité du fascisme et du nazisme, puisque la tradition parlementaire de la France et de l'Angleterre constituait l'autre visage du colonialisme. Même le racialisme qui caractérise notamment le nazisme,  ne se retrouve pas uniquement dans les régimes fascistes et nazis. La construction idéologique arbitraire de la civilisation des races inférieures était la couverture idéologique du colonialisme, et même après la guerre, de nombreux États membres capitalistes de l'Union européenne, en particulier la Grande-Bretagne, ont entretenu des relations étroites avec le régime d'apartheid en Afrique du Sud.

          Les caractéristiques communes du fascisme et des autres formes politiques démontrent que la lutte antifasciste reste incomplète lorsqu'elle ne vise pas à renverser le pouvoir capitaliste.

          6.  Le 7e Congrès de l’Internationale Communiste a adopté la stratégie des Fronts Populaires Antifascistes qui, avant la Seconde Guerre mondiale,  revendiquaient un gouvernement dans le cadre du capitalisme comme moyen de défense contre la montée du fascisme, alors qu’après la Seconde Guerre mondiale  ils revendiquaient un gouvernement dans le cadre du capitalisme comme forme de transition vers le pouvoir ouvrier.

          Avant la guerre, les PC avec les "Fronts" cherchaient à coopérer avec des forces politiques sociales-démocrates, même avec des forces démocratiques bourgeoises, dans le but d'isoler les forces bourgeoises fascistes et d'empêcher leur prédominance dans chaque pays. En même temps, tous les PC de l'époque, en concentrant leur lutte exclusivement contre les forces fascistes, non seulement n'ont pas visé toutes les forces bourgeoises et les États capitalistes qui participaient à l'exploitation de la classe ouvrière et qui ont pris part à la guerre, mais les ont également disculpés dans la conscience des forces populaires, en les qualifiant d'antifascistes. De plus, pendant la guerre, les PC ont cherché à coopérer, même au niveau gouvernemental, avec ces forces après la fin de la guerre. Ainsi, les PC n'ont pas été en mesure d’associer la lutte armée de libération et antifasciste à la lutte pour la conquête du pouvoir ouvrier.

          Un exemple caractéristique est notre pays, la Grèce, qui, il y a 80 ans, a été libéré des troupes nazies grâce aux grandes victoires de l'Armée rouge, ainsi qu'à la contribution déterminante du mouvement armé de résistance, de libération et antifasciste et de ses organisations, comme le Front National de Libération (EAM), l'Armée populaire grecque de libération (ELAS) et de nombreuses autres organisations de résistance armée, créées à l'initiative du KKE. Pourtant, malgré ce grand mouvement armé de résistance et le fait qu'au cours de la période de libération, en octobre 1944, les conditions d'une situation révolutionnaire étaient créées en Grèce, c'est-à-dire des conditions d'ébranlement du pouvoir bourgeois, dans le cadre d’une crise économique et politique généralisée, des faiblesses dans le fonctionnement des mécanismes de répression et des institutions de gouvernance dont la bourgeoisie disposait en Grèce, le mouvement ouvrier et populaire n'a pas pu gagner. Cela s'est produit parce que notre parti n'a pas réussi, de manière consciente et planifiée, à transformer la lutte armée de libération et antifasciste en une révolution socialiste, mais est resté bloqué sur la ligne de l'unité nationale et de la formation d'un gouvernement des forces antifascistes. Cela a donc donné à la bourgeoisie (qui a calmé ses vieux conflits entre pro-britanniques et pro-allemands de peur de perdre son pouvoir) et à ses alliés anglo-américains l'occasion de lancer une attaque politico-militaire frontale contre le KKE et le mouvement ouvrier afin de consolider le pouvoir bourgeois fragile. Dans le cadre de cette attaque, les dites forces démocratiques bourgeoises n'ont pas hésité à utiliser d'anciens collaborateurs nazis. La lutte héroïque menée pendant trois ans par l'Armée Démocratique de Grèce (DSE) n'a pas pu contrecarrer ces plans.

          Mais même dans les pays européens où la politique du front antifasciste a abouti à la participation des PC aux gouvernements de coalition d'après-guerre, non seulement cela n'a pas constitué le premier pas vers une transition vers le pouvoir ouvrier, mais cela a été utilisé pour garantir le consensus des forces ouvrières les plus avant-gardistes en particulier jusqu'à la consolidation du pouvoir capitaliste. Par la suite, les PC ont été expulsés de tous les gouvernements.

 

           7. Il est important de comprendre pourquoi aujourd'hui, dans toute l'Europe et ailleurs, le système bourgeois a recours à de telles "béquilles" nationalistes, racistes et fascistes pour se remettre sur pied. Cela est un fait indéniable, puisque le soutien financier de ces forces par le capital, par les forces de ses mécanismes répressifs, tels que la police et les forces armées, et la publicité et la présentation de ces forces comme prétendument "anti-système" par les grands médias du système, se déroulent sous nos yeux.

          Il est évident que ces forces sont utilisées par chaque bourgeoisie à la fois comme "chien de garde" du système et comme "fer de lance" contre le mouvement ouvrier et populaire. L'idée, cultivée dans les rangs du mouvement communiste international, que le fascisme est un article d"exportation" par les États-Unis, qui sont décrits comme une puissance "fasciste" ou "pro-fasciste", est totalement infondée et erronée.

 

          8. Ici, nous devons noter que le KKE, en étudiant l'histoire du Comintern, a évalué que la division des États du système impérialiste international en "fascistes" - "pro-guerre" et "démocratiques" - "pacifiques" était erronée et préjudiciable. Cette division prévalait dans les rangs du Comintern avant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui, certaines forces dans les rangs du mouvement communiste international réintroduisent cette fausse division, qui masque à la fois la nature de classe des régimes bourgeois et la cause de la naissance et du renforcement du courant fasciste, qui réside dans le capitalisme monopoliste lui-même et dans le service des intérêts capitalistes dans chaque pays. Le KKE a tiré des leçons de l'histoire et n'est pas d'accord avec cette approche consistant à diviser les forces impérialistes en "mauvaises" ("fascistes", "néo-fascistes") et "bonnes", ni, bien sûr, avec les appels à former des "fronts antifascistes" sur une base sans classes, c'est-à-dire des alliances sans critères de classe sociale, mais avec tous les "gens progressistes et honnêtes". De telles approches et de tels appels conduisent le mouvement communiste et la classe ouvrière à son désarmement, à son renoncement à sa mission historique et à la formulation d'une ligne de prétendue "épuration" de l'impérialisme des "forces fascistes". En même temps, ils offrent un alibi aux forces bourgeoises dites "démocratiques" et "pacifiques".

 

          9. Pour justifier l'approche déformée ci-dessus, ils invoquent la définition du fascisme donnée par G. Dimitrov au 7ème Congrès du Comintern, le caractérisant comme "...la dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier". Nous estimons que le 7ème Congrès a absolument séparé le "pouvoir" du capital financier des intérêts du capital industriel. Il a également établi une distinction absolue dans les États capitalistes entre les États fascistes et les États démocratiques. En conséquence de cette séparation, l'alliance du mouvement ouvrier et communiste avec une partie des puissances et des États bourgeois a été élevée en idéologie, et la préparation de classe contre la classe adverse a été affaiblie, comme nous l'avons indiqué plus haut.

          Aujourd'hui, ceux qui font référence à cette définition du fascisme ignorent d’une manière sélective le fait que l'Internationale communiste, avant cette définition du fascisme, en avait donné une autre dans son Programme (1928), où elle notait, entre autres, que "Cette offensive de la réaction bourgeoise impérialiste prend, dans certaines conditions historiques, la forme du fascisme", tandis que les caractéristiques du fascisme ont été présentées en détail dans la Résolution sur la situation internationale au 6e Congrès de l'Internationale communiste (1928). Il est également méconnu que la fameuse définition de Dimitrov en 1935 a été donnée dans d'autres circonstances historiques, alors que les puissances impérialistes planifiaient la disparition du seul État socialiste au monde, tandis que l'URSS, de son côté, cherchait à ouvrir une brèche au sein des puissances impérialistes et à tirer profit de leurs contradictions. Cette définition est donc utilisé loin des conditions historiques qui lui ont "donné naissance" et on cherche à la transposer de manière mécanique et non scientifique aux conditions actuelles, où l'URSS n'existe pas et où la situation qui s'est développée en Chine n'est pas du tout conforme aux principes du socialisme. Nous parlons d'une superpuissance capitaliste qui rivalise avec les États-Unis pour la primauté dans le système impérialiste mondial. 

 

          10. Dans le passé comme aujourd'hui, le terrain pour l'émergence et le développement des formes de fascisme est préparé non seulement par les forces de droite, mais aussi par les forces de la social-démocratie, qui soutiennent la théorie des "deux extrêmes" sans fondement historique, l'identification inacceptable du communisme avec le fascisme.  Elles cherchent ainsi non seulement à exonérer le capitalisme des crimes du fascisme-nazisme, mais aussi à les attribuer au mouvement communiste, la seule force qui l'a combattu avec fermeté et abnégation.

          En outre, la déception des forces populaires qui ont de faibles critères politiques, provoquée par la trahison des promesses des partis gouvernementaux de droite et sociaux-démocrates, faute de PC forts et d'importantes luttes ouvrières, consolide la reprise politique des forces nationalistes, racistes et même fascistes. Ce phénomène s'accentue particulièrement dans des conditions de destruction massive des couches petites et moyennes dans la phase de crise capitaliste, d'augmentation de la pauvreté, du chômage et de l’usure des partis parlementaires bourgeois. C'est alors que la bourgeoisie utilise les partis nazis comme des avant-postes pour servir ses intérêts. Elle exploite l'action nazie qui, avec un nationalisme extrême et une prétendue "solidarité", tente d’intégrer des forces populaires, des chômeurs et des couches petites-bourgeoises paupérisées.

 

          11. De plus, de nos jours, certaines forces opportunistes "communistes", au nom de la "restauration de la souveraineté du pays" par rapport à l'UE, comme c'est le cas en Italie, ou de la "lutte contre le fascisme d’exportation des États-Unis", comme c'est le cas en Russie, dialoguent ou collaborent avec des forces fascisantes. De cette manière, ils ouvrent la voie aux forces fascistes, les disculpant.

          12. Le KKE a affronté et continue d'affronter au cours des dernières décennies diverses formations fascistes qui utilisent l'idéologie criminelle nationaliste et national-socialiste pour "camoufler" leur action meurtrière contre les immigrés, les syndicalistes, les militants communistes et d'autres personnes. C'est le cas du groupe fasciste l'"Aube dorée", qui a tenté de réintroduire les tactiques des "bataillons d'assaut" nazis et d'alterner ses actions avec de l'activisme politique. Il s'agit d'un groupe fasciste qui, après la chute de la dictature militaire dans les années 1970, a maintenu des contacts avec ses membres dirigeants et avec d'autres groupes nationalistes d'extrême droite, cultivant un anticommunisme virulent, du racisme et de la haine à l'égard du mouvement ouvrier. Ils ont créés de solides liens au sein de l'armée, de la police et des services secrets et se sont livrés à des attaques brutales, plaçant des engins explosifs dans les bureaux du KKE et des autres partis et organisations de jeunesse, dans des librairies et des cinémas, par exemple là où des films soviétiques et antifascistes étaient projetés. Dans les années 1980, l'"Aube Dorée" a commencé à opérer de manière plus organisée, perpétrant plus souvent des attaques, des harcèlements, par exemple contre des immigrés et des étudiants. En 2008-2009, quand la profonde crise économique capitaliste a éclaté, l'Aube dorée sort de la marge et remonte à la surface. Les mesures antipopulaires successives des différents gouvernements ont provoqué une réforme majeure du système politique bourgeois, tant dans le bloc de la social-démocratie, avec la montée de SYRIZA et la chute du PASOK, que dans le bloc de l'extrême droite. L'Aube Dorée nazie a exploité les conséquences de la crise pour se rapprocher des couches moyennes touchées par la crise, ainsi qu'une section appauvrie de la classe ouvrière, qui n'avait pas établi de contact et de relation avec le mouvement syndical de classe organisé. Mais son passage de la marge à la scène politique n'aurait pas été possible sans le soutien de puissantes sections de la bourgeoisie et de son appareil d'État. L'Aube Dorée se présentait au peuple comme une "force anti-système", qui lutte contre les maux de la société et veut le bien du peuple. Dans les manifestations des "indignés", des slogans réactionnaires apparaissent et sont fortement promus par les médias bourgeois, tels que "dehors les partis!" ou "dehors les syndicats!", fournissant une couverture politique à l'Aube Dorée. De cette manière, le système bourgeois a exploité l'Aube Dorée pour éloigner les forces de la lutte de classe organisée et pour défendre de manière agressive les objectifs de la bourgeoisie, aux dépens des travailleurs, par exemple avec des positions contre les grèves, pour de nouvelles réductions de salaires, l'abolition des conventions collectives, afin que, par exemple, les armateurs "puissent être convaincus de construire leurs navires en Grèce". Les représentants de l'Aube Dorée ont facilement trouvé une place dans les émissions des médias bourgeois et ont obtenu un groupe parlementaire. Avec des attaques brutales contre des syndicalistes et des membres du KKE, avec des meurtres des immigrés,  l'Aube Dorée tente de s'imposer comme la "main de fer" du système bourgeois. À l'époque, elle entretenait des canaux de communication avec d'autres partis bourgeois, ainsi qu’avec des acteurs locaux.

          Le KKE a ouvert la voie à la révélation de son rôle et à son isolement, ainsi qu'à celui d'autres formations fascistes, du mouvement syndical et des activités politiques, alors même que les autres partis bourgeois adoptaient à leur égard une attitude de "comme-il-fautisme" bourgeois et de "critères parlementaires". De façon caractéristique, le maire communiste de Patras a refusé d'accorder des locaux pour la propagande pré-électorale des positions de l'Aube Dorée nazie. Il a été poursuivi en justice, mais sous l'effet de la solidarité populaire générale, le maire communiste a été acquitté par le tribunal. Lors de nombreuses manifestations publiques, les communistes ont empêché la présence de représentants de l'Aube Dorée.

          L'assassinat du musicien antifasciste Pavlos Fyssas, les attaques meurtrières contre les immigrés et les syndicalistes communistes ont suscité une grande "vague" de résistance populaire, qui a "noyé" ce gang fasciste pour le moment et a conduit à l'emprisonnement de ses dirigeants. Il est caractéristique que tous les gouvernements bourgeois et le gouvernement "de gauche" de SYRIZA soient responsables du fait qu'à partir du moment où les tueurs de l'Aube Dorée ont été arrêtés, il a fallu sept ans pour qu'ils soient jugés et condamnés. La lutte populaire décisive, à la tête de laquelle se trouvaient les communistes, a contribué à la condamnation des criminels nazis. Le KKE et les avocats des syndicalistes communistes ont mis en lumière le rôle nazi et profondément pro-système de l'Aube Dorée lors du procès de cette dernière, ainsi que le fait que l'activité criminelle de cette organisation découle de son idéologie nazie criminelle. Cependant, nous savons très bien que tant que le système capitaliste, la "matrice" de telles formations, existe, nous n'en avons pas fini avec le fascisme.  Comme l'a fait remarquer le Secrétaire Général du CC du KKE, D. Koutsoumbas: "L'essentiel est que le peuple traite le mal à la racine, en renversant le système qui couve cet œuf du serpent, le nazisme, le fascisme."

 

          Camarades,

          Le KKE a tiré la conclusion que la lutte contre le fascisme, pour la défense des droits des travailleurs et des conquêtes du peuple, est indissociable de la lutte contre les monopoles, contre l'exploitation capitaliste et leur pouvoir. Le PC ne doit en aucun cas glisser vers une alliance avec des forces bourgeoises et opportunistes au nom d'un "antifascisme" superficiel et sans substance. Comme le disait Brecht:

Ceux qui sont contre le fascisme sans être contre le capitalisme, qui se lamentent sur la barbarie issue de la barbarie, ressemblent à ces gens qui veulent manger leur part du rôti de veau, mais ne veulent pas qu’on tue le veau. Ils veulent bien manger du veau, mais ils ne veulent pas voir le sang.
Il leur suffirait, pour être apaisés, que le boucher se lave les mains avant de servir la viande. Ils ne sont pas contre les rapports de propriété qui engendrent la barbarie, ils sont seulement contre la barbarie.
Ils élèvent leur voix contre la barbarie dans des pays où règnent les mêmes rapports de propriété, mais où les bouchers se lavent les mains avant de servir la viande."

          C'est pourquoi l'engagement du PC en faveur de l'objectif du pouvoir ouvrier, de la lutte pour concentrer les forces de l'alliance sociale de la classe ouvrière et des autres couches populaires de la ville et de la campagne dans une direction de lutte anti-monopole - anticapitaliste, doit être sans faille. Ce n'est qu'ainsi que l'opposition des travailleurs et du peuple au pouvoir bourgeois sera renforcée et que la perspective de la lutte du peuple pour le renversement de la barbarie capitaliste et la construction de la nouvelle société socialiste et communiste sera promue.

          Aujourd'hui en particulier, où les peuples sont confrontés à l'intensification des antagonismes intra-impérialistes et où, dans diverses régions de la planète, la guerre fait rage pour la répartition des richesses naturelles, la force de travail, les routes de transport des marchandises, les parts de marché et les points d'appui géopolitiques par les impérialistes, nous devons opposer un front clair à la fois au faux "antifascisme" et au système capitaliste  qui donne naissance au fascisme et à la guerre.

          Les peuples doivent se lever!

          Ils doivent prendre le chemin de la lutte, avec les communistes à l'avant-garde!

          Aux élections européennes, ils doivent envoyer un message anti-guerre - anti-impérialiste, contre l'UE de la guerre, en soutenant les PC.