Liens vers les pages web anciennes du KKE

Les sites internationaux du KKE sont déplacés progressivement à un nouveau format de page. Vous pouvez trouver les versions anciennes des pages déjà mises à jour (avec tout leur contenu), en suivant ces liens.

Dans un monde qui s'embrase, le peuple doit se mettre en avant

 

Premier événement de l'année, l'interruption du flux de gaz russe vers l'UE via l'Ukraine, un nouvel épisode de la guerre énergétique en cours. «Le gouvernement ne s’inquiète pas», disent les états-majors bourgeois du matin au soir, tout en parlant d'une «possible augmentation des prix de l'énergie» et d'un «coup porté à la compétitivité de l'UE».

Ils veulent dire que les peuples paieront le prix à nouveau, avec de la pauvreté énergétique, mais aussi avec des biens encore plus chers. D'ailleurs, dès le premier instant, les factures d'électricité pour le mois de janvier sont jusqu'à 21% plus élevées que le mois précédent. Il s'avère que la participation à la guerre impérialiste et  l'«objectif national» d'une amélioration géostratégique exige des sacrifices de la part du peuple...

Mais cette participation crée aussi des «opportunités» pour les armateurs et les groupes énergétiques, qui battent les uns après les autres les records de rentabilité, selon les résultats publiés ces jours-ci.

Pour mieux comprendre la situation, Il suffit de regarder le «puzzle» que le gouvernement grec est en train de compléter avec l'aide du PASOK et de SYRIZA: alors que le gouvernement de Kiev a cessé le transit de gaz russe vers les marchés de l'UE, il a pour la première fois obtenu du GNL des États-Unis par le biais du terminal GNL de Revithoussa, en Grèce, et du «corridor vertical». Ce «corridor vertical» a également été évoqué lors des récents contacts entre le gouvernement grec et la Serbie, lors du sommet UE-Balkans occidentaux. Ce «corridor vertical» a été mis à l’épicentre de la visite en Grèce, fin octobre, du secrétaire d'État adjoint américain aux ressources énergetiques, G. Pyatt, qui a parlé d'un «rêve du gouvernement américain» consistant à «s'assurer que la Russie et Gazprom ne soient pas en mesure de tirer des revenus des exportations d'énergie».

Alors que les efforts pour redessiner les routes de l'énergie en Méditerranée orientale et au Moyen-Orient s'intensifient sur fond de massacres en Palestine, au Liban et en Syrie, le gouvernement s'empresse de participer à tous les plans euro-atlantiques: De l'accord conclu la semaine dernière avec Israël sur la «sécurité énergétique en Méditerranée orientale» aux récentes pressions exercées sur Chypre pour qu'elle poursuive le projet d'interconnexion énergétique entre Israël, Chypre et la Grèce («Great Sea Interconnector»), financé par le fonds «MIE» de l’UE, ainsi que par un fonds de l’État américain (DFC). Dans le même contexte, les marchandages du type OTAN pour des «arrangements» entre la Grèce et la Turquie, cette dernière étant considérée comme indispensable dans toutes les versions de la carte énergétique, se poursuivent, de même que les contacts et la nouvelle trilatérale qui aura lieu avec l'Égypte, pour faire avancer les projets énergétiques d'inspiration euro-atlantique tels que le «GREGY». Parallèlement, le Premier ministre grec, au nom des armateurs, n'a pas à manqué à prôner «la possibilité de travailler avec le président Trump pour trouver une solution gagnant-gagnant dans le contexte de la relation entre les États-Unis et l'Europe. Par exemple, l'Europe cherchera à importer davantage de GNL en provenance des États-Unis.»

Il ne s'agit donc ni de «distorsions sur le marché européen de l'électricité» ni d'un «phénomène naturel»: c'est la stratégie du capital, à laquelle souscrivent tous les partis bourgeois, qui est responsable de l'électricité très chère et des risques énormes que les plans d’une amélioration de la position de la bourgoisie grecque sur la carte impérialiste entraînent.

 

De l'Ukraine au Moyen-Orient, implication militaire et business

Au début de la nouvelle année, le gouvernement grec fournit à nouveau des armes au régime  Zelensky. Après des centaines de milliers d'obus d'artillerie,  de fusils d’assault, de véhicules blindés et des millions de cartouches, ce sont cette fois 24 missiles antiaériens Sea Sparrow de fabrication américaine,  transportés par des frégates, qui sont envoyés, sous le prétexte habituel qu’«Ils ont été jugés inutiles d'un point de vue opérationnel et n'affectent pas les capacités de dissuasion des forces armées grecques».

Dans le même temps, la «demande» des États-Unis et de Zelensky pour que la Grèce envoie à l'Ukraine des systèmes de défense aérienne S-300, PMU-1, Tor-M1 et Osa-AK de conception russo-soviétique des forces armées grecques est toujours sur la table. Le fait que l'ambassadeur russe en Grèce, A. Maslov, a tenu à faire savoir que ces systèmes ne pouvaient être livrés sans l'accord officiel de Moscou, dans une série d'interviews données ces derniers jours, n’est pas dû au hasard.

De l'Ukraine au Moyen-Orient, l'implication dans les projets euro-atlantiques place constamment le peuple dans la ligne de mire des gouvernements impérialistes rivaux. Les bases des États-Unis et de l'OTAN à travers la Grèce sont la cible de représailles, tandis que le gouvernement de la ND, avec le soutien du PASOK et de SYRIZA, encourage la poursuite de leur modernisation.

Les forces armées que le gouvernement envoie à des milliers de kilomètres des frontières grecques deviennent également la cible d'attaques: Près d'un an après sa première mission en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, la frégate «Hydra» appareillera dans les prochains jours afin de participer pour la deuxième fois à l'opération de l'UE «Aspides», contre l'activité des Houthis, pour les besoins des armateurs et des groupes monopolistiques de transit, comme le révèlent les vidéos des frégates dans le rôle d’«escorte» des navires des armateurs. Entre-temps, le gouvernement - qui avait pris en charge le commandement de l'opération par le quartier général de Larissa (Quartier général grec des opérations de l'Union européenne) - a fait un pas de plus en demandant que les forces armées grecques prennent en charge le commandement de l'opération en mer. Et tout cela en soutenant les États-Unis, l'UE et l'État meurtrier d'Israël, qui bombarde le Yémen et avertit sans vergogne qu'il en fera un «nouveau Gaza».

 

Le peuple paie cher l'économie de guerre...

Le passage à l'économie de guerre montre ses effets dès le premier instant, comme le montre l'excédent budgétaire «sanglant» en 2024, qui a atteint 7 milliards en 2024, tout comme les dépenses d'armement de l'OTAN, votés par la ND, le PASOK, SYRIZA, ainsi que la Solution Héllénique il y a quelques jours au parlement. Le gouvernement vise également à collecter 70 milliards d'euros d'impôts en 2025.

La saignée infligée au peuple poursuit: augmentation des tarifs des péages, augmentation du prix de l’eau, augmentation du «taxe sur l’enfouissement de déchets», augmentation du prix des billets de ferry pour soutenir les armateurs.

L'agenda de 2025 concernant l'économie est également indicatif: de nouveaux «outils» fiscaux qui mettront encore plus à genoux les petits professionnels, des changements dans la gestion des prêts «non performants», avec des réglementations qui resserreront encore plus l'étau autour des ménages endettés, afin de «consolider davantage le secteur bancaire», nouvelles assurances privées obligatoires pour les habitations. Le gouvernement prévoit une «limite de dépenses» pour les besoins du peuple, et a déjà prévu la façon dont il va pressurer le peuple pour renforcer les grands groupes capitalistes, avec une série de mesures législatives.

Tous ces éléments sont des conditions préalables à une «notation» positive des marchés au printemps, à l'octroi de prêts bon marché aux groupes capitalistes, au financement du Fonds européen pour la relance, à la part des 300 milliards  pour l'économie de guerre que l'UE accorde, «en réduisant les salaires et les retraites», comme le signale le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte.

Ce sont également les «objectifs nationaux» du gouvernement et du reste des partis bourgeois, en premier lieu de la social-démocratie pourrie, du PASOK, de SYRIZA et d'autres, qui s'inquiètent des «incertitudes» et des risques et promeuvent une «stabilité» qui écrase le peuple.

Pour tout cela, ils préparent de nouvelles mesures répressives, ils créent de fausses dichotomies entre «progressistes» et «conservateurs», tous défenseurs du système capitaliste, ils essaient de piéger le mécontentement populaire dans des forces politiques inoffensives pour le système, ils utilisent la question de l'élection d'un nouveau président de la République pour faire diversion, etc.

Cette nouvelle année, le peuple, par sa lutte organisée, peut devenir le protagoniste des développements. Dans ce «monde qui s'embrase» par les crises capitalistes, les guerres at les antagonismes, le peuple ne peut sortir victorieux que sur la voie du conflit et du renversement du système capitaliste pourri. En multipliant partout les foyers de résistance, en intensifiant partout la lutte pour ses propres besoins, pour que partout la stratégie du capital soit entravée.

 

*Publié dans Rizospastis, organe du CC du KKE, le 5/1/2025