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1914-2014 : un siècle de trahison de la social-démocratie, un siècle de lutte pour la révolution et le communisme

Discours de Kostas Papadakis, membre du Secrétariat du Comité Central du Parti Communiste de Grèce, Section des Relations Internationales

 

Chers camarades, chères amies et amis,

Nous considérons comme très importante l’initiative de l’URCF d’organiser ce cycle de discussion sur des questions critiques du mouvement communiste international.

La naissance même du parti communiste est survenue comme l’expression de la nécessité de la lutte pour le socialisme. De la résolution du problème fondamental, qu’est l’abolition de la propriété privée dans les moyens de production. De la résolution de la contradiction fondamentale entre le capital et le travail, c’est-à-dire le caractère profondément social de la production et son expropriation privée.  Notre parti, le KKE, avec son intervention et action œuvre à renforcer la prise de conscience de la classe ouvrière et des couches populaires pauvres : afin de renverser les relations de production capitalistes et construire le socialisme-communisme.

Garder le cap sur la résolution du problème fondamentale, c'est-à-dire la prise du pouvoir dans chaque pays, est une chose critique et directement liée au degré d’émancipation révolutionnaire et de réactivité du PC à répondre à sa raison d’être, la restructuration et la réactivité du mouvement ouvrier lui-même.

Les questions stratégiques les plus critiques influencent objectivement la réflexion stratégique globale d’un parti, son caractère, ses principes de fonctionnement, son orientation idéologico-politique globale.

Le caractère d’un PC n’est pas juste déterminé par son nom, mais surtout par le fait d’être consacré à la réalisation de la destinée de la classe ouvrière, le renversement du pouvoir bourgeois. Combien est-il clair qu’inversement à la victoire du capitalisme sur la féodalité, qui était aussi un système social d’exploitation, le socialisme hérite du capitalisme une base économique qu’il doit transformer en une nouvelle économie et forme de pouvoir. Cette question, sert de guide, car un PC ne doit pas lutter pour des réformes, pour stades intermédiaires entre le capitalisme et le socialisme, pour un soi-disant capitalisme humanisé.

Ces questions déterminent clairement les axes d’élaboration de la stratégie, avec le bagage scientifique du marxisme-léninisme, en reconnaissant et dessinant les lois scientifiques de la révolution et la construction socialiste.

Un autre élément qui sécurise cette tentative d’un PC d’élaborer une stratégie révolutionnaire moderne est la reconnaissance du fait que l’affrontement sans concessions avec l’opportunisme fait partie intégrante de son caractère marxiste-léniniste.

Les dates anniversaires historiques, comme celle du centenaire de la Première Guerre Mondiale et le débat qui en découle, peuvent contribuer à valider une expérience, à éclaircir des sujets relatifs aux conclusions historiques, voire intemporelles, pour les devoirs contemporains de lutte des communistes. Elles éclairent le pourquoi des virements historiques de la lutte des classes : comment le début d’une guerre ou d’une crise capitaliste peuvent objectivement mettre en épreuve le mouvement communiste, ses analyses, son unité idéologique et politique. Le résultat d’une telle expérience est négatif quand le PC n’est pas préparé (idéologiquement, politiquement, structurellement) à répondre en prenant comme base la relation qu’ont entre eux le capitalisme, la crise et la guerre. Cette relation prouve que le capitalisme est un système socio-économique dépassé et en putréfaction, qui provoque de la paupérisation, de la misère, des crises et des guerres. Un système, dont seulement le renversement peut être une issue pour la classe ouvrière, la classe exploitée, mais aussi pour les autres couches populaires pauvres, qui ont un intérêt objectif de s’émanciper du joug capitaliste.

L’expérience historique démontre que les deux Guerres Mondiales étaient le résultat de l’aggravation des contradictions au sein du camp impérialiste afin de faire un nouveau partage du monde. Ces contradictions sont devenues encore plus flagrantes à l’apparition de l’Union Soviétique et avec la crise mondiale capitaliste de 1929-1933.

Le KKE aujourd’hui juge que la crise de suraccumulation de capitaux, survenue depuis 2008-2009, qui sévit encore dans plusieurs économies capitalistes, a démontré des changements dans les rapports entre états capitalistes, régis par la loi du développement inégal du capitalisme. Cette tendance contient aussi les strates supérieures de la pyramide impérialiste. Les contradictions entre les pays impérialistes, qui ont conduit par le passé à des dizaines de guerres locales et régionales, ainsi qu’à deux guerres mondiales, continuent à conduire à des conflits durs, économiques, politiques et militaires, indépendamment de la synthèse ou la restructuration, les changements concernant la structure et les aspirations des unions impérialistes internationales, ce qu’ils appellent « architecture » nouvelle. La guerre n’est d’ailleurs que la continuation de la politique avec d’autres moyens. Spécialement, en période de crise profonde de suraccumulation de capitaux et de changements dans le rapport de forces du système impérialiste mondial, où le nouveau partage des marchés, se fait rarement sans verser de sang.

La relation donc, capitalisme-crise-guerre conduit à l’augmentation des armements, la création d’alliances militaires nouvelles, la modernisation d’autres plus anciennes, comme l’Otan, le repositionnement du rapport des forces. Il est très intéressant de noter la course des pays capitalistes en voie de développement comme la Chine, la Russie, l’Inde, de combler de lacunes et de renforcer leur pouvoir militaire à la hauteur de l’aura de leurs groupes économiques. Tout ceci, rend encore plus flagrantes les contrastes en Méditerranée du Sud Ouest, très importante pour le partage de la richesse et de l’énergie de la région, ainsi que des voies de transport des marchandises. Le conflit peut d’une manière ou d’une autre embraser toute la région (Méditerranée Orientale, Moyen Orient et Afrique du nord, Golfe Persique, les Balkans, la mer Caspienne).

Le KKE avec les décisions de son 19ème Congrès, se prépare et oriente les masses ouvrières et populaires, pour une participation éventuelle de notre pays à une guerre impérialiste. Les accords fragiles récents en Iran et en Syrie, ainsi que les dangers ouverts qu’elles contiennent démontre que la « paix » impérialiste prépare les guerres impérialistes à venir. Dans son nouveau Programme le KKE note : « Les dangers augmentent dans la Région élargie, depuis les Balkans jusqu’au Moyen Orient, pour une guerre impérialiste générale avec la participation de la Grèce. La lutte pour la défense des frontières, des droits de souveraineté de la Grèce, de la part de la classe ouvrière et des couches populaires, est indissociable de la lutte de renverser le pouvoir du capital. Elle n’a rien à voir avec la défense des plans de l’un ou de l’autre pôle impérialiste, les profits de tel ou tel monopole. »

Sur cette base, le KKE utilise des critères de classe en ce qui concerne la défense du pays (frontières, droits de souveraineté), c'est-à-dire qu’il se positionne du côté de la classe ouvrière et des couches populaires. Il lie cette défense avec la lutte pour sortir des unions impérialistes, le renversement du capitalisme et la construction de la société socialiste.

Il s’agit d’un autre fait historique, que même pendant une occupation, la dissolution de la structure d’un état nation, la classe ouvrière ne peut pas livrer bataille contre l’occupation depuis le même rempart que la bourgeoisie, ne peut s’allier à aucune de ses tranches.  Pour la classe ouvrière et les couches populaires pauvres, la guerre et l’occupation ne sont que l’extension de l’exploitation capitaliste, naissance de la domination économique et politique du capital. La classe ouvrière lutte contre la misère, l’oppression et la violence du conquérant, l’intensification de l’exploitation, contre les accords impérialistes internationaux. Sa « patrie » est une patrie libérée des capitalistes, en dehors des organismes impérialistes, une patrie où elle sera propriétaire de la richesse qu’elle produit, où elle sera elle-même au pouvoir. La guerre de la bourgeoisie pour sa « patrie » -indépendamment du fait de collaborer avec l’occupant ou à résister à celui-ci- se fera pour les intérêts des monopoles, le retour à un accord antérieur de partage des marchés bénéfique aux monopoles nationaux et non pas en faveur des intérêts ouvriers et populaires.

Le KKE est arrivé à des conclusions nécessaires suite à sa lutte armée durant la Seconde Guerre Mondiale, contre la triple occupation fasciste du pays (allemande, italienne et bulgare). A l’époque, malgré la prévalence des forces armées d’EAM-ELAS, dirigées par le KKE, notre parti n’a malheureusement pas su lier la lutte anti-fasciste à la lutte pour renverser le pouvoir capitaliste, car il n’avait pas développé de telle stratégie au sein des ses lignes. Aujourd’hui,  ayant fait des conclusions suite à l’étude de l’histoire de notre parti, nous élaborons une telle stratégie devant le danger de participation de notre pays dans une guerre.

Dans la Résolution Politique du 19ème Congrès on note : « Dans chaque cas, n’importe quelle forme prendra la participation de la Grèce à une guerre capitaliste, le KKE doit être prêt à se mettre à la tête de l’organisation autonome de la résistance ouvrière-populaire, afin qu’elle soit liée à la lutte pour la défaite de la bourgeoisie, interne et externe. »

Dans la situation d’une guerre impérialiste, l’avant-garde politique de la classe ouvrière, son parti, a comme devoir de démontrer le besoin d’unité de classe des ouvriers, l’alliance avec des forces populaires, la dimension internationale de la classe ouvrière et les devoirs qui en découlent. La position devant une guerre est la position devant la lutte des classes et la révolution socialiste, lutte pour transformer cette guerre en une lutte de classe armée, la « seule guerre de libération » selon Lénine. L’analyse de Lénine est primordiale, car en développant la théorie du maillon faible, c'est-à-dire en prévoyant la forte augmentation des disparités, la formation d’une situation révolutionnaire dans un pays ou groupe de pays, il a fondé scientifiquement la possibilité de victoire de la révolution dans un seul pays ou peu de pays. Dans une telle guerre, donc, la communication, les mêmes slogans, et la même action avec le mouvement révolutionnaire d’autres pays, est la base pour la perspective de la victoire de la révolution socialiste dans plusieurs pays, de la possibilité d’un autre type de collaboration entre pays, sur la base de la propriété sociale, la planification centralisée, avec de l’internationalisme prolétarien.

Voyons maintenant ce qui s’est passé avec la déclaration de la Première Guerre Mondiale, guerre impérialiste, où les partis socio-démocrates/réformistes, sont passés à la trahison ouverte de la classe ouvrière, se sont convertis en partis social-chauvins, soutenant la bourgeoisie de leurs pays, votant pour les crédits de guerre et appelant la classe ouvrière de leurs pays de se sacrifier au profit des intérêts du capital. Ils ont ainsi violé les résolutions de congrès socialistes internationaux, qui prévoyaient l’action de transformer la guerre impérialiste en une lutte pour conquérir le pouvoir ouvrier, ligne définie grâce à l’intervention de Lénine et d’autres révolutionnaires marxistes. Lénine dans son œuvre « La faillite de la Deuxième Internationale » a démontré le développement de l’opportunisme pendant une guerre en notant « Opportunisme voudrait dire, qu’on sacrifie les intérêts vitaux des masses devant les intérêts temporaires d’une minorité infime d’ouvriers, ou autrement dit, alliance d’une partie des ouvriers avec la bourgeoisie contre la masse du prolétariat. La guerre rend cette alliance claire et obligatoire. »

Il faut noter ici, que la crise capitaliste, la guerre, favorisent également des opinions nationalistes et fascistes, qui influent sur la classe ouvrière. Il est important de comprendre que le fascisme est né et nourrit par le capitalisme. Appeler à des fronts antifascistes désoriente, car des forces qui sont en faveur du capitalisme ne peuvent pas affronter la montée du fascisme. Ces forces appellent à renforcer la démocratie bourgeoise afin de contrer le fascisme, alors que le seul moyen de l’affronter est le renversement du pouvoir capitaliste qui donne naissance au fascisme.

La Première Guerre Mondiale, et les questions soulevées concernant le caractère de celle-ci, concernant la position des communistes, la lutte interne au sein du mouvement communiste international a accéléré les efforts afin de le séparer de l’opportunisme sur le plan idéologique, politique et structurel.

            La partie qui s’est détachée s’est positionné en tant que révisionniste du marxisme léninisme. Au nom des particularités nationales et du « renouveau », elle a renié les lois scientifiques de la révolution et de la construction socialistes, a douté sur le rôle d’avant-garde de la classe ouvrière, a gardé la socialisation des moyens de production comme une utopie lointaine, et a lutté contre la notion de la dictature du prolétariat. La ligne que les révisionnistes ont essayé d’imposer, a été la soumission des intérêts de la classe ouvrière aux intérêts du capital. Cela n’a été que simple conséquence leur adhésion aux positions du nationalisme bourgeois.

            Dans leur conception du Parti, ils ont essayé de séparer le PC de ses principes et de son rôle. Ils ont renié les principes marxistes-léninistes de constitution du PC. Ils ont proclamé la liberté de critiquer la théorie scientifique révolutionnaire. Ils ont combattu le centralisme démocratique, le caractère monolithique du Parti, afin de le dissoudre dans des formations petite-bourgeoises et bourgeoises, avec le libéralisme dans l’organisation du Parti.

            Sur la question « réforme ou révolution », les révisionnistes du mouvement communiste ont renié la révolution, choisissant la réforme. Ils ont adhéré au gouvernementalisme et à la gestion bourgeoise en participant à des gouvernements bourgeois, tout en soutenant le parlement bourgeois. Dans le mouvement ouvrier, ils ont semé systématiquement des illusions réformistes moyennant la collaboration des classes, en  ne voyant que la lutte pour les termes de vente de la force de travail et en rétrogradant la question principale de la lutte pour l’abolition d’exploitation, laquelle d’ailleurs ils avaient acceptée en arrêtant la lutte contre les monopoles et le capitalisme.

La trahison de la 2ème Internationale dans la Première Guerre Mondiale a réaffirmé et scellé le combat qui a eu lieu au début du siècle précédent sur le caractère du Parti, sa stratégie et sa position vis-à-vis de la guerre et des antagonismes intra-impérialistes et intra-bourgeois. Lénine a été au premier rang de ce combat. D’ailleurs, c’était lui qui nous a fourni avec une conclusion essentielle : «si elle n'est pas indissolublement liée à la lutte contre l'opportunisme, la lutte contre l'impérialisme est une phrase creuse et mensongère »

Lénine a donné un combat idéologique et politique dur pour que les causes épistémologiques mais aussi la base sociale et de classe du développement de l’opportunisme. Il a montré l’influence de l’idéologie bourgeoise notamment sur des couches petit-bourgeois. Suivant les développements sociaux et économiques du capitalisme, ces couches en ont profité (auparavant) ou ne cessent de perdre (de nos jours), exerçant ainsi une pression politique et idéologique respective sur la classe ouvrière et son avant-garde, le PC, pour l’intégration et le compromis avec la classe bourgeoise, revendiquant le retour à une gestion capitaliste dépassée qui ne sert plus aux profits des capitalistes et où on ne peut pas retourner aujourd’hui.

 

Comme Lénine a écrit  dans l’ « Impérialisme, stade suprême… »:

« L’opportunisme a été né des particularités d’une période de développement du capitalisme, où la vie relativement pacifique et civilisée d’une couche d’ouvriers privilégiés a pu les corrompre, en leur donnant des miettes des profits de ‘leur’ capital ‘national’ et en les détachant des soucis, des souffrances et des esprits révolutionnaires de la masse, qui est condamnée à la misère. La guerre impérialiste est la suite et l’achèvement de cette situation »

 

Dans les années qui ont suivi, cette lutte intransigeante et incessante à laquelle appelait Lénine et laquelle il considérait comme composant essentiel de la lutte contre le capitalisme a été sous-estimée par le mouvement communiste international. Dans la pratique, les enseignements de la révolution d’octobre ont été rétrogradés. Au nom des analyses antérieures de Lénine sur la stratégie qui définissaient les tâches des communistes pour la révolution démocratique-bourgeoise, dans des conditions de règne du Tsar, la stratégie des PC a été réduite à une stratégie et une politique d’alliances qui ne correspondait pas aux conditions de règne des monopoles, qui ne tenait pas compte du fait que la révolution d’octobre avait lancé une ère toute neuve.  Il s’agit de l’ère de l’impérialisme, c’est-à-dire du capitalisme monopoliste, qui est le stade suprême du capitalisme ; il s’agit de l’ère de passage du capitalisme au socialisme.

Dans ce sens, on peut lire dans l’introduction des statuts de l’ « Internationale Communiste », qui ont été approuvés dans son deuxième Congrès :

 « N’oublie pas que si le capitalisme n’est pas détruit, la reproduction de ces guerres criminelles n’est pas seulement possible, mais aussi inéluctable » (…) « L’Internationale Communiste a pour but la lutte armée pour le renversement de la classe bourgeoise internationale et la fondation de la république internationale des Soviet, qui est le premier pas vers l’abolition intégrale de tout système gouvernemental ».

Comment et dans quelles condition a le mouvement communiste international dévié de ces bases et a adopté une conception stratégique dépassée qui a restauré la logique des stades intermédiaires entre le capitalisme et le socialisme, qui a renvoyé à l’avenir lointain la lutte pour le socialisme, la rendant une vision lointaine, découpée des tâches de la lutte quotidienne ? Cette question n’a pas été suffisamment abordée. La ligne adoptée ne pouvait pas expliquer pourquoi le socialisme est nécessaire et d’actualité mais tentait de montrer que la lutte pour le socialisme n’est pas nécessaire et de la mettre dans le placard une fois pour toutes. Cette position enfermait la lutte des classes dans les limites du capitalisme, dans l’acceptation de la barbarie capitaliste et conduisait à une politique d’alliances avec des fractions de la classe bourgeoise aussi. On peut tirer des conclusions contemporains concernant plusieurs PCs qui, sortant de la crise capitaliste des années ’30, sans une stratégie bien élaborée, se sont soumis aux fronts antifascistes et ont soutenu la reconstruction capitaliste d’après-guerre via leur participation à des fronts populaires et des gouvernements d’ « union nationale ». Dans les pays qui sont devenus socialistes après la guerre, l’Armée Rouge a joué un rôle primordial dans l’issue favorable de la question du pouvoir.

Ces problèmes de stratégie n’ont pas été résolus après la guerre. Au contraire, ils ont empiré et les déviations sont devenues un tournant opportuniste. Les PCs qui construisaient le socialisme, notamment le PCUS, ont crée des conditions favorables à la contre-révolution, sous le poids des sacrifices de la reconstruction d’après guerre, des erreurs théoriques et des choix opportunistes, qui ont été baptisé « renouveau socialiste », « transition vers le socialisme », « socialisme avec du marché » ou « marché à orientation socialiste » ou encore « nouveau modèle économique socialiste ». Cette ligne problématique a influencé de façon similaire les PCs de l’Europe de l’ouest avec le courant de l’ « eurocommunisme » qui a été développé rapidement dans les années ’60 et ’70 avec comme caractéristique principal le rejet des lois scientifiques de la révolution socialiste. Il est important de noter qu’il y a eu une interaction entre l’opportunisme dans le mouvement communiste des pays capitalistes de l’Europe de l’Ouest et le virage opportuniste du PCUS avec le 20ème Congrès en 1956, la ligne de « coexistence pacifique » et de la « voie parlementaire vers le socialisme ».

Si l’eurocommunisme ne précède pas la social-démocratie et se distingue d’elle du point de vue d’organisation, sa stratégie a été déterminée par la « voir pacifique et démocratique vers le socialisme ». En réalité, il ne s’agissait pas d’une nouvelle stratégie mais de la répétition des vieux positions socio-démocrates qui déroutaient le mouvement communiste de la lutte révolutionnaire pour le pouvoir ouvrier et parlaient de la possibilité de conquête du pouvoir par la classe ouvrière à travers les institutions bourgeois, le parlement bourgeois en particulier. Les développements sociaux et économiques dans les pays capitalistes le plus développés après la guerre ont alimenté le courant « eurocommuniste ». La politique bourgeoise keynésienne et les positions qui vont avec sur l’  « état-providence » ont crée des confusions dans le mouvement communiste vis-à-vis le caractère de classe de l’état et du pouvoir dans ces pays. Spécifiquement, la capacité du mouvement de masse à avoir des conquêtes dans le cadre capitaliste et sans le renversement du pouvoir bourgeois a été surévaluée et a été transformée en idéologie. Des PCs de l’Europe de l’Ouest tel le PC français, italien ou espagnol, des partis avec des liens très forts avec la classe ouvrière, ont ainsi été conduits au discrédit, là où sont conduits tous ceux qui gèrent la barbarie capitaliste.

En se basant sur cette expérience négative, on n’a pas aujourd’hui le luxe ou le marge de sous-estimer l’importance de cette bataille idéologique et politique. Dans ce sens, on voudrait attirer l’attention sur des questions pour lesquelles il existe des positions différentes, des désaccords, au sein du mouvement communiste international.  La position qui dit que les PCs peuvent avancer « sur ce qu’ils sont d’accord » ou sur la base de « l’unité tout en étant différent » conduit à la complaisance et ne permet pas d’examiner plus profondément les faiblesses et de prendre des mesures pour faire face à des questions d’importance stratégique qui sont nécessaires pour le regroupement des PCs, pour jouer leur rôle en tant qu’avant-garde de la classe ouvrière. Ces problèmes ont été mis en lumière lors Rencontre Internationale des PCs par le KKE et d’autres partis, contribuant ainsi à l’ouverture d’un débat de fond qui ne dissimule pas les problèmes au sein du mouvement communiste international mais qui fait face à eux directement.

 Aujourd’hui, l’opportunisme international a constitué son propre pôle en Europe à travers le PGE. Il s’agit d’un parti qui a été crée suivant les lois de l’UE, un parti-défenseur de la barbarie impérialiste, un parti-soutien et agitateur de cette alliance des loups qu’est l’UE. La mission spéciale du PGE est son fonctionnement en tant que mécanisme de mutation des PCs. Le rôle de leader que jouent le PCF et le PCE au sein du PGE montre bien leur départ définitif et sans retour du mouvement communiste. De plus, la candidature du chef de file de SYRIZA pour la présidence de la Commission illustre le fait que l’opportunisme veut avoir un rôle actif à travers un poste de responsabilité majeure dans la gestion bourgeoise contre le peuple, dans son effort de semer encore d’illusions sur l’humanisation du système capitaliste. En Grèce, SYRIZA appelle les industriels « sains » à marcher avec lui contre les « arnaqueurs » et met en avant comme exemple à suivre le gouvernement Obama  et le système de gestion de pauvreté étasunien avec les coupons.

Dans ces conditions, le besoin existe depuis longtemps pour les PCs de prendre des pas dans la direction d’une riposte plus organisée de la part des PCs qui défendent le marxisme-léninisme et qui combattent l’UE et le système capitaliste. Des initiatives telles que la constitution de l’ « Initiative pour l’étude, la réflexion des questions européennes et la coordination de l’action », qui est une forme de coopération des partis et qui rassemble à son départ 29 partis communistes et ouvriers en Europe, sont des pas importants dans ce sens. 

La mauvaise situation du mouvement communiste international d’aujourd’hui montre que le PC doit faire le maximum possible pour mener sa propre lutte indépendante au niveau idéologique, politique et du mouvement et pour conquérir de façon uniforme une stratégie révolutionnaire. Nous estimons que précisément cette question-là doit prendre sa place dans les discussions entre partis communistes, accompagnée de l’action coordonnée pour les problèmes populaires, en conflit avec les forces du capital pour le pouvoir. 

La formation de conscience politique et de classe ne peut pas se faire avec de vieux matériaux de gestion. Dans l’ère du passage du capitalisme au socialisme, il n’y a pas de place pour des positions politiques qui enferment la classe ouvrière dans la gestion bourgeoise sous la forme des stades intermédiaires entre le capitalisme et le socialisme. Il n’y a non plus de place pour des positions en faveur du soutien ou de la participation à tel ou tel gouvernement de gestion bourgeoise qui se présente sous une étiquette « de gauche » ou « progressiste ».  Les développements au Chypre, au Brésil et ailleurs donnent aujourd’hui raison au KKE pour son refus de participer dans un gouvernement de ce genre. Réfléchissons : avaient-ils raison ou pas tous ceux qui se sont opposés de façon persistante et conséquente il y a un an et demi à la pression social-démocrate et opportuniste pour soutenir le « moindre mal » en Hollande, qui a déjà lancé une politique dure contre les ouvriers, a déjà fait deux interventions impérialistes au Mali et à la République Centrafricaine et a été au premier rang pour intervenir militairement en Syrie ?  D’ailleurs, des gouvernements bourgeois avec la participation des communistes mutés en France et en Italie ont déjà fait ce genre d’activités de bombardement et de carnage des peuples lors de la guerre en Yougoslavie. 

Il ne faut  aucune hésitation. Le pouvoir est soit bourgeois, capitaliste soit ouvrier. Les moyens de production appartiennent soit aux capitalistes soit à la société. Des solutions qui se placent « entre les murs » du système indépendamment des intentions, ne constituent en rien des formes de rapprochement de la solution socialiste, mais favorisent la pérennisation du capitalisme, lui offrent du temps et sèment des illusions au travailleurs.

Voilà pourquoi on dit que la lutte antimonopoliste – anticapitaliste est la seule voie. Il est nécessaire de forger l’alliance populaire de la classe ouvrière avec les travailleurs indépendants, les paysans pauvres, la jeunesse et les femmes des couches populaires pauvres. Une alliance pour renverser le capitalisme, ce système socioéconomique pourri et dépassé, et pour créer une nouvelle société, celle du socialisme-communisme, où il n’y aura pas d’exploitation d’homme par homme et où le développement sera basé sur les besoins du peuple et non d’une poignée de monopoles.